À l'attention des personnes n'ayant pas encore de compte.

Pour faire aboutir votre commande, prière de vous adresser aux éditions Mols via l'adresse mols@skynet.be

D'avance, nous vous en remercions.

Votre panier est vide

Secrets d'Etat de la Révolution belge - Image de couverture

Secrets d'Etat de la Révolution belge

 25.00 €

d'après les mémoires du Major-Général Baron de Failly, Ministre de la Guerre de Léopold Ier en 1831 -
Préface de Luc De Vos

Secrets d’Etat de la Révolution Belge entraîne tour à tour le lecteur au sein de la Conférence de Londres, au Congrès de Bruxelles et, de cette honorable assemblée, dans les rues. La Belgique était la clé de la paix européenne, raison pour laquelle toutes les Cours d’Europe se penchaient sur son avenir. Des agents français, anglais et hollandais agissaient au sein des groupes politiques qui s’affrontaient. A la faiblesse du Gouvernement Provisoire s’opposaient l’agressivité et la virulence de l’opposition tant au sein du Congrès que par médias interposés. Insurrections, complots, intrigues et menaces de mort sont quotidiens.

En quelques mois, La Belgique passe du statut de sous-région à celui d’une nation indépendante. En portant à la tête du pays un chef d’Etat exceptionnel, elle gagne sa souveraineté et sa place dans l’Europe.

Le général baron de Failly, ministre de la Guerre du Roi Léopold en 1831, appartenait à cette génération d’hommes qui connurent en un temps très court, une série de changements de régime. S’ils moururent Belges, ils étaient nés Autrichiens pour devenir successivement Français et Hollandais.
Que de déchirements n’ont-ils pas vécus ? A qui, et surtout à quoi, devaient-ils être fidèles ? Ceux qui pontifient si aisément à posteriori, jugeant et condamnant allègrement des hommes braves entraînés dans un maelström, n’ont assurément pas pris la mesure du drame qui se joua alors.
Nous découvrons ici un tableau de la révolution belge qui comporte bien des aspects sombres. Sans doute était-il impossible qu’il en fût autrement. Ce n’est pas toujours édifiant. Mais il faut savoir vivre avec son passé. C’est le mérite de cet ouvrage qui jette un regard attentif et sans complaisance sur les coulisses de la pièce qui vit naître la Belgique.

Résumé

La révolution belge et l’Europe

Présenté par Damien de Failly

La révolution belge de 1831 a surgi dans un contexte européen qui a largement favorisé l’accès à l‘indépendance du pays. Cette souveraineté la Belgique la doit plus à des circonstances extérieures qu’à l’agitation, le chaos et l’anarchie intérieure. Le territoire belge n’a jamais connu dans son Histoire une position « souveraine » et personne dans un premier temps n’imaginait que le pays puisse exister par lui-même sans ancrage ou rattachement à un pays voisin. C’est ainsi que deux courants, forts agités, s’affrontaient : les uns en faveur d’une restauration avec la Hollande et les autres oeuvrant pour unir la Belgique à la France.

La souveraineté d’un pays ne s’acquiert pas en criant dans les rues sa volonté d’indépendance. Pour passer de simples rebelles au statut européen de citoyens à part entière, il y a un long parcours et surtout des engagements internationaux. Cette souveraineté passe obligatoirement par la reconnaissance des Etats voisins. Pour les Cinq Puissances à l’origine du royaume des Pays-Bas et des accords de 1814 et 1815, il n’est pas facile de rejeter ce à quoi ils ont a cru pendant quinze ans et d’admettre l’échec de la formule. L’indépendance de la Belgique engage l’Europe et fait éclater la Sainte Alliance créant les conditions d’un conflit générale.
Pour défendre sa position et condamner l’insurrection de Bruxelles, Guillaume 1er fait appel, dès octobre 1830, aux Cinq Puissances pour rétablir sa souveraineté sur la Belgique. Les plénipotentiaires des diverses Cours se réunissent à Londres le 4 novembre 1830, en conférence, pour négocier et débattre des problèmes géopolitiques créés par la Belgique. Cette Conférence sera dominée par les diplomaties britannique et française. L’Europe est semblable à un échiquier sur lequel plusieurs joueurs se mêlent de bouger les pions. Metternich, dans ses notes à propos de la Conférence de Londres, écrit que le véritable objectif n’a jamais été bien défini : « La conférence s’est réunie dans le but d’arranger l’affaire ; mais laquelle ? Celle de Sa Majesté néerlandaise ou bien l’affaire des révoltés belges ? »
Le général de Failly, ministre de la Guerre dans le Gouvernement Provisoire et dans le premier gouvernement de Léopold 1er, nous donne de précieuses informations sur la situation internationale qui marqua le destin de la Belgique :
« Si la Belgique est sortie saine et sauve de sa révolution, elle le doit à son énergie d’abord, mais aussi à des circonstances fortuites qui l’ont puissamment servie. Les sérieuses discordes chez un peuple, a dit Chateaubriand, prennent leur source dans une vérité quelconque qui survit à ces discordes. Souvent cette vérité est enveloppée à son apparition dans des paroles sauvages et des actions atroces : mais le fait politique ou moral qui reste d’une révolution est toute cette révolution. En Belgique, quelle était la vérité dans laquelle la révolution prenait sa source ? C’était le besoin d’une indépendance politique. Quel est le fait sorti de la révolution et qui, comme le dit Chateaubriand, est toute la révolution ? C’est l’indépendance belge, à des conditions voulues par l’Europe. Mais cette vérité qui devait survivre aux discordes, ce fait qui devait sortir des événements de 1830, c’est la négation des droits établis par les traités de 1814 et de 1815 ».
« Violemment expulsé de la Belgique à la suite des événements de septembre, le roi des Pays-Bas avait réclamé, dès les premiers jours du mois d’octobre 1830, l’appui des cinq Puissances : France, Autriche, Angleterre, Prusse et Russie, en leur qualité de puissances signataires des traités de Paris et de Vienne, qui avaient constitué le royaume des Pays-Bas. Le roi Guillaume 1er demandait, à l’Angleterre en particulier, l’envoi d’une armée dans les provinces méridionales du royaume. L’Angleterre refusa les troupes demandées et son ministre, en annonçant la réunion prochaine à Londres des plénipotentiaires des cinq Cours, déclarait que le but principal du gouvernement britannique serait d’empêcher les troubles survenus dans les Pays-Bas, troubles qui conduiraient à une interruption de la paix générale en Europe ».
« Avant la révolution de juillet 1830 [à Paris], la réponse du ministre anglais eut été certainement tout autre. La première circonstance fortuite qui venait en aide à la révolution belge, c’était donc un fait antérieur à cette révolution même, c’était la révolution de France. Ces circonstances fortuites, nous les retrouverons encore alors que la Belgique se sera mise, en quelque sorte, en hostilité avec la Conférence ; 1° par l’élection du duc de Nemours le 3 février, précédée de la décision prise par le Congrès, le 19 janvier 1831, de ne pas consulter la Conférence sur le choix du chef de l’Etat ; 2° par la protestation du Congrès contre les protocoles des 20 et 27 janvier, concernant le Luxembourg ; 3° par la proclamation du Régent, le 10 mars ; 4° par le vote du Congrès accordant un crédit de 6 millions de florins pour enrôler des bataillons de tirailleurs, pour enrégimenter les gardes forestiers, et enfin pour appeler cinquante mille hommes du premier ban de la garde civique au service actif, à l’effet de défendre le Luxembourg.
« Les circonstances fortuites qui sauvèrent alors la Belgique d’une restauration, d’une guerre ou d’un partage, se trouvent toutes dans la situation de l’Europe. L’Angleterre, incertaine de l’issue de la grande question de la réforme, désirait se soustraire aux embarras des affaires continentales par une union plus intime avec la France.
« La France, dans l’intention d’assurer la stabilité de sa nouvelle dynastie, paraissait hésiter entre le maintien des relations amicales avec les états étrangers et le désir de se concilier le parti du mouvement à l’intérieur. La Prusse, peu rassurée du côté de ses provinces rhénanes, et pressée de garantir le grand-duché de Posen du contact contagieux de la révolution polonaise, reculait devant une guerre de principe qui ne pouvait lui procurer aucun agrandissement, et l’aurait exposée à des pertes. L’attention de l’Autriche était concentrée vers l’insurrection imminente de ses provinces lombardo-vénitiennes. Les Etats secondaires de la Confédération Germanique étaient en proie à des désordres intérieurs qui rendaient difficile et dangereux le départ de leurs contingents. La Russie enfin se voyait paralysée dans sa puissance par la révolution polonaise ».
« La Belgique pouvait donc braver sans danger la Conférence. Mais l’aspect des affaires devint si sérieux dans le Luxembourg, les menaces des Belges si peu équivoques, les appels du roi des Pays-Bas si réitérés, que l’ordre avait été donné de rassembler une armée fédérale de vingt-quatre mille hommes pour entrer au duché de Luxembourg ».
« Le Luxembourg faisait partie des provinces méridionales et les Luxembourgeois avec les Belges se sont soulevés contre l’autorité du roi Guillaume 1er. Par conséquent, la Belgique estimait que ce territoire lui revenait de droit, puisque le Luxembourg n’a aucune frontière commune avec la Hollande. La conférence en a décidé autrement ; la Belgique recevait la principauté de Liège, les provinces du sud Hainaut et une partie du Limbourg remontant jusqu’à Venloo, dont la citadelle restait aux mains des Hollandais. Le Luxembourg était propriété de la couronne d’Orange-Nassau depuis 1814.
« Certes, si l’on excepte la France, la Belgique et sa révolution n’avaient pas les sympathies de l’Europe. Ces sympathies étaient pour la Hollande. Toutes les puissances craignaient la guerre et désiraient une restauration. Dans ces circonstances, l’Europe ne voulait pas créer un précédent en acceptant la souveraineté belge, car cela risquait d’attiser les revendications de plusieurs petits états européens surtout en Prusse et en Pologne. La souveraineté de la Belgique était inacceptable et dangereuse. La restauration, c’est-à-dire le retour aux Pays-Bas, était la seule solution possible. Par conséquent, pour échapper à la restauration, il restait pour la Belgique deux solutions : la première est l’annexion à la France, la seconde est l’accès à la souveraineté et l’élection d’un chef d’Etat. Personne ne souhaitait une annexion à la France et dans le cas du choix d’un chef d’Etat, les Grands ne voulaient pas en laisser l’initiative à Bruxelles. La Belgique est entièrement aux mains des puissances européennes. Telle était la situation de la Belgique sous l’empire de l’armistice du 21 novembre, et, en ce qui concernait Anvers en particulier, sous l’empire de la convention conclue par les délégués de la Commission provisoire avec le général Chassé, commandant la citadelle ».

La Belgique par sa position centrale en Europe était en 1830 la clé de voûte de la stabilité européenne.

Pour en savoir plus sur cette période fondamentale de notre Histoire et celle de l’Europe, il faut lire l’ouvrage consacré à ce sujet sous le titre : Secrets d’Etat de la Révolution Belge, par Damien de Failly, préfacé par le professeur Luc de Vos, aux éditions Mols.

Extrait

Dix questions à Damien de Failly

1° : Quelle a été la motivation principale de votre ouvrage ?

DdF : J’ai un goût particulier pour la vérité en Histoire. Je suis persuadé, et je pense ne pas être le seul, que bien des événements qui jalonnent l’histoire (avec H) ont été tronqués, falsifiés ou manipulés pour cacher la vérité et ainsi sauvegarder l’honneur des auteurs de faits parfois peu glorieux. C’est peut-être là l’origine de légendes fabuleuses qui passent de génération en génération. Les chercheurs sont de plus en plus convaincus que l’Histoire est écrite par les « vainqueurs ». Ce qui signifie que ces derniers ont tout le loisir de raconter les événements comme ils l’entendent ; les vaincus ont seulement droit au silence. Le « politiquement correct » ne date pas d’aujourd’hui, il existe depuis que l’Histoire existe. Il est intéressant de faire des enquêtes sur des sujets douteux car on découvre toute la malice, la tromperie mise en place par une certaine catégorie de gens pour garder un pouvoir (moral, politique ou religieux) ou « conquêter une seigneurie » comme le dit si bien Machiavel. Les exemples abondent même encore à notre époque moderne et hyper médiatisée. Lorsqu’un événement a lieu, tous les acteurs du terrain « omettent » sciemment certaines informations. Les grandes conférences de presse mises en place n’ont d’autre but que de manipuler l’opinion ou du moins d’« orienter » les esprits. Pour un journaliste, il devient quasiment impossible de récolter les informations pour se faire une opinion « personnelle » sur les événements. « On ne nous dit pas tout » est le sentiment général des gens et il est fondé. Il faut alors enquêter et débusquer le mensonge.

2° : D’où le titre de votre ouvrage Secrets d’Etat de la Révolution Belge »

DdF : J’ai eu un mal fou à trouver un titre qui puisse « coller » au texte. Car il s’agit de plusieurs histoires qui s’entremêlent. On ne se rend pas bien compte que les acteurs de la révolution agissent exactement dans le sens contraire qu’ils se donnent au départ, ils imposent généralement une dictature de la terreur. Au lieu de construire, ils détruisent en se proclamant héroïques. Il y a ensuite l’histoire de l’accès à notre indépendance et souveraineté qui va à l’encontre des souhaits de plusieurs hommes politiques de l’époque, et de la classe bourgeoise en particulier. Or ceux-ci sont présentés aujourd’hui, dans l’Histoire officielle, comme les piliers de notre indépendance, ce qui n’est pas la vérité car 1831 n’est pas 1834. J’explique également, et c’est le cœur même de notre histoire nationale, comment cette révolution fut téléguidée de la France par le canal de l’Association dite Patriotique composée essentiellement de francophiles républicains fort actifs qui souhaitaient ni plus ni moins un ancrage de la Belgique à la France, sinon la république. Je raconte également les péripéties de la Campagne des 10 jours où notre armée belge fut littéralement stoppée pour favoriser et justifier l’entrée des troupes françaises à Bruxelles. On disait alors cette armée en complète débandade. Tout cela est archifaux. Mais nos responsables politiques, pour justifier leurs carences et surtout leurs errements pendant 12 mois de révolution ont crié unanimement à la trahison. C’était plus facile et très vite compris par l’homme de la rue. Alors à l’unisson, on a crié « trahison ». Notre révolution fut une révolution française en Belgique. Tenant compte de tout cela et de bien d’autres faits, le titre s’imposait presque de lui-même en finale. C’est la dernière phrase que j’ai écrite.

3° : Secrets d’Etat, en quoi consistent ces secrets ?

DdF : Qu’est-ce qu’un secret d’Etat ? Il s’agit en général de faits qui restent occultés et qui touchent à la sécurité même de l’Etat. Mais ici beaucoup de faits qui ne relèvent pas nécessairement de la sécurité ont été occultés non pour sauvegarder l’existence de l’Etat mais « l’honneur » (entre guillemet) de plusieurs personnalités politiques dont je conteste le rôle positif dans notre histoire officielle. D’autant plus que ces personnes se sont ingéniées à falsifier et manipuler les faits pour faire « écrire » une histoire qui leur convienne. C’est ce mensonge que je démonte. Je le démonte parce qu’au travers de ce mensonge, ces hommes (politiques et pamphlétaires) n’hésitèrent pas à discréditer notre armée belge et mon aïeul le général baron de Failly, alors ministre de la Guerre dans le Gouv. Prov. et dans le premier Gouvernement du Roi L.1er.



4° : Quelles ont été vos sources d’informations ? Sur quelles informations vous êtes-vous appuyé ?

DdF : Il y a plusieurs sources qui ne sont que trop rarement citées. Je pense ici à Joseph Lebeau, un vrai homme d’Etat (avec quelques autres comme Van de Weyer ou le comte de Merode). Joseph Lebeau est avec Van de Weyer le véritable pilier de notre indépendance ; il a laissé d’intéressants souvenirs. Il y a encore Nothomb, également homme d’Etat méritoire et capable, dont les écrits sont fort intéressants. Il existe encore d’autres témoins ignorés mais pourtant fort intéressants comme le Colonel Dumonceau. Je citerai cependant l’agent anglais Charles White, témoin précieux et actif dans ce qu’on pourrait dénommer la contre-révolution qui donne de précieuses informations. Une mine quasi inexploitée est formée de l’Enquête Militaire qui a suivi immédiatement la Campagne des 10 jours. Ces documents sont à prendre avec des pincettes et doivent être confrontés, car tout le monde tente de se donner un beau rôle en critiquant son collègue (cela n’est pas nouveau). Ce travail de confrontation a été réalisé par le prof Guy De Poerck (un travail inédit qui est en notre possession). On ne peut oublier que l’ouvrage repose sur les précieuses notes laissées par mon aïeul le général de Failly. Il était au cœur même de cette tourmente, il rendit d’immenses services au pays et fut un fervent défenseur et protecteur de notre monarchie et de la couronne. Il devint ministre de la Guerre, contre son gré, en mai 1831, « pour sauver le pays » disait le Régent. Il fut élevé au grade de major-général pour assumer la fonction de chef d’état major général de l’armée belge lors de l’offensive des Pays-Bas. Il a donc occupé les fonctions les plus hautes au ministère et à l’armée et la fonction la plus modeste de « simple » volontaire dans les rangs de l’armée de la Meuse en août 1831. Personne ne peut imaginer quel fut son parcours, « pour rendre service et aider » dit-il, que je tente de suivre au jour le jour. Toute cette activité publique qui se déroule sur quelques mois fut systématiquement niée par les auteurs de notre Histoire. Non seulement le rôle du général est nié mais jusqu’à son existence même. Aucune biographie, aucune mémoire. Si vous visitez le Palais de la Nation, vous trouverez des tableaux, des effigies ou des bustes de « tous » les membres du Gouv. provisoire et d’autres, ils sont exposés mais vous n’y verrez pas de Failly. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu’il fut qualifié alors du terme le plus infamant pour un homme d’honneur comme lui. Tous les auteurs l’ont qualifié de traître au pays, ce qui est faux. On l’a dit en disgrâce auprès du Roi, et ce fut le contraire, les deux hommes s’étaient liés d’amitié sincère. Les documents déposés dans nos archives ne furent jamais divulgués sauf par mon arr-grd-père, Victor, cela suite à la publication de plusieurs ouvrages relatant les événements de la révolution et surtout de la campagne des 10 jours. Publications qui accusèrent gravement le général avec de soi-disant preuves. Mon arr-grd-père a démontré la fausseté des accusations et démonté le mécanisme en présentant des documents originaux. On aurait pu croire qu’à la suite des réponses aux accusations, les chercheurs et historiens se seraient au minimum intéressés à ces écrits ou interrogé la famille. Aucun ne fit cet effort de vérité et répétèrent systématique pendant 150 ans les mêmes accusations mensongères à chaque jubilaire de notre indépendance : les auteurs se recopiant mutuellement.

5° : Mais pourquoi avoir gardé le silence ?

DdF : Victor Hugo dit que le silence est la force de l’honnête homme. Que dire face à une opinion publique hostile ? Une opinion entretenue/ manipulée sciemment dans le but de nuire ? La violence et l’acharnement furent tels qu’il y avait menace de mort. De plus, il y avait notre jeune monarchie, cette institution, base même de notre indépendance et souveraineté. Après la Campagne des 10 jours, il fallait tout mettre en œuvre pour calmer les esprits et surtout ne pas donner d’arguments aux républicains qui refusaient leur défaite face à une jeune royauté. Il faut savoir que le roi Léopold 1er est le premier souverain de toute l’Histoire qui a gagné sa popularité dans une défaite militaire. C’est littéralement la population qui a plébiscité le roi et non l’intelligentsia de l’époque qui était hostile. Le silence du général de Failly fut celui d’un vrai homme d’Etat qui a couvert la couronne et protégé la jeune monarchie, il ne fallait pas détruire cette popularité acquise sur le champ de bataille par le souverain. Le Roi et le général ont débattu de ce problème en privé et le général de Failly n’avait pas à s’expliquer devant l’opinion. Non seulement il s’agissait d’un devoir de réserve, mais de plus le général de Failly a largement contribué, en ne dérogeant pas à cette règle, à consolider la position royale, que tout le monde, je dis tout le monde, voulait briser. Intenter un procèscontre les acteurs de cette campagne des 10 jours, supposés traitres ou incapables, comme certains détracteurs de notre monarchie le souhaitaient, c’était soulever une partie du pays contre l’autre et relancer les pratiques révolutionnaires et surtout décourager le Roi et le faire partir. C’eût été une erreur que de jeter en pâture des informations qui allaient être manipulées pour semer le trouble. Tout le monde espérait par cette manœuvre accuser le souverain ou du moins l’affaiblir. Or il n’y avait aucun reproche à lui faire. Il y eut également un silence imposé aux militaires à qui il qui fut interdit de publier leur mémoire. Voilà les raisons du silence. Malheureusement le silence absolu n’existe pas et tous les détracteurs ont eu le loisir d’écrire ce qu’ils voulaient, puisque la vérité avait droit au silence.

6° : Pourquoi ces accusations déshonorantes contre votre aïeul ?

DdF : Nous nous sommes posé cette question de génération en génération. C’est finalement l’enquête que propose ce livre. Il y avait plusieurs intérêts à faire la démonstration que le ministre de la Guerre était un incapable par qui était venu la défaite d’août 1831. J’ai donc repris tous les auteurs qui ont développé le thème de la trahison. J’ai tenté au mieux de remonter dans le mécanisme de cette pensée, car il devait y avoir une source. Le thème de la trahison a surtout servi les opposants à notre indépendance, les opposants à la monarchie, les opposants à notre souveraineté. Les orangistes, les républicains et les rattachistes, les conservateurs. Ils se déclarèrent tous « révolutionnaires », mais en réalité oeuvraient à l’encontre de notre indépendance. Les uns pour une restauration, les autres pour le rattachement ou la république. Pour eux tous, l’armée belge a trahi et le général de Failly, à la tête du ministère est le premier accusé. Or je démontre dans mon enquête que l’armée n’a pas trahi. Il n’y a pas d’officiers « félons » (au pluriel) comme d’aucuns l’écrivent. Il y en a un, que le général de Failly était chargé d’arrêter qui est le général Van der Smissen. Curieusement ce général fut réhabilité après une cavale et un procès par contumace. Mais l’origine des accusations qui est votre question repose sur des articles de presse publiés dès l’entrée, au ministère de la Guerre, du général de Failly. Ce n’était pas nouveau, tous les ministres du gouvernement provisoire furent successivement accusés, sauf……de Brouckère (informateur même de la presse) qui sut manipuler celle-ci à son avantage. Ces articles de presse étaient généralement écrits sous un pseudonyme, la crainte d’être poursuivi comme ce fut le cas sous le régime hollandais, était toujours présente à l’esprit. La haine exprimée dans la rue à l’encontre du ministère fut alimentée par un informateur que j’ai découvert. La Belgique laissait faire. Mais il y eut une personnalité particulièrement virulente qui est Charles Niellon, aventurier français. Déjà avant la révolution, il écrivait des articles incendiaires. Pendant la révolution, il fut fort actif sur le terrain et fut improvisé général des Volontaires par le Congrès. Il ne supportait pas les anciens officiers brevetés belges qui revenaient de Hollande pour se mettre sous le drapeau belge. Le général de Failly était l’un des 7 officiers supérieurs belges au service des Pays-Bas, il eut le courage de renoncer à une carrière toute tracée pour prendre sa retraite et surtout ne pas être exposé à tirer sur ses compatriotes comme il l’écrit. Avant cela il avait participé, sans tirer un coup de feu, à la répression des journées de septembre 1830, épargnant la foule en pleine effervescence et empêchant les soldats, dont de nombreux Belges, de tirer sur les civils ou d’incendier les maisons ce qui aurait été une honte pour l’armée belge. Le pseudo-général Niellon, chef de barricade, nourrissait une jalousie féroce à l’encontre du général de Failly, chef de brigade, jusqu’à lui refuser toute obéissance. Inutile de dire que les Volontaires dont on a fait tant l’éloge étaient conduits par des mercenaires français qui s’auto-proclamaient capitaines ou colonels. Pour l’armée régulière, il s’agissait d’une bande de va-nu-pieds incontrôlée. Tous les militaires le disent. Mais Niellon s’estimait le bras armé de la révolution et le héros incontesté. Adulé par le Congrès auquel il faisait parvenir chaque jour un rapport sur ses faits d’armes contre les Hollandais à l’instar d’un Napoléon, il ne supportait pas que le Gouvernement dont il contestait l’autorité organise une armée nationale. Il mit tout en œuvre pour dénigrer le travail du ministère de la Guerre et n’hésita pas à informer la presse de ses accusations délirantes en accusant de trahison les moindres mesures administratives de juin 1831. Tous les auteurs ont suivi aveuglement et sans contrôle ces assertions non fondées. Nous trouvons également un jeune capitaine indiscipliné et déserteur, devenu général à son tour, qui crut bon d’écrire « ses mémoires ». Très prolixe ce sont autant de règlements de compte. Il reprend les grands thèmes de Niellon en les développant. Mais avant de publier ses papiers il attend que les principaux acteurs qu’il dénonce soient 6 pieds sous terre. Il y a un troisième auteur militaire le lt. général Huybrecht. Tout le monde le prend au sérieux. Or il se fait que cet homme était à l’étranger lors de la campagne des 10 jours. Tout ce qu’il a écrit est de pure invention quoique selon des recherches il ait consulté Niellon et de Brouckère et reçu les papiers du général de Tiecken, chef de l’armée de l’Escaut. Ces gens ont tous un point commun, la frénésie de « la justification » coûte que coûte. Huybrecht et Eenens sont allés jusqu’à user d’écrits anonymes et fabriquer des faux en écriture pour justifier leur présentation des faits à savoir toujours le thème de la trahison. Voici un exemple, un paragraphe tiré de la prose d’Huybrecht parlant du général de Failly : « 1° Celui-ci s’était distingué à l’attaque de Bruxelles, à la tête du 5ème régiment. 2° Il était rentré fort tard ne déguisant pas son hostilité envers la révolution. 3° Monsieur Charles de Brouckère s’opposa énergiquement, mais en vain, à l’entrée du général au ministère. 4° Devant les événements, nous déclarons (cette manière de procéder évoque l’attitude d’un serment et en devient suspecte avec évidence) dès à présent que nous possédons les preuves que, pendant la Campagne de 1831, le général fut coupable de trahison en présence de l’ennemi. 5° On peut en conclure que son administration comme ministre dû être en parfaite concordance avec sa conduite postérieure ». Tout est dit. Il est certain qu’une telle déclaration avec une emphase solennelle en 1856 (année jubilaire du 25 ème), quatre ans après le décès du général, eut un impact certain dans le public et auprès des auteurs successifs. Or à l’analyse de ces 5 phrases chocs nous assistons à une progression dans la gravité des paroles sur des événements amalgamées de mensonges grotesques. Avec de tels propos, croyez-moi, le public est en délire et se délecte. Le général de Failly a pris le bon parti de faire silence, la force de l’honnête homme. Ce qui en a visiblement irrité plus d’un. Mon arr-grd-père Victor est allé consulter le seul témoin fiable, le capitaine Raikem aide de camp du général, devenu général à son tour, et lui a demandé s’il avait quitté un seul instant son père et si celui-ci avait prononcé les paroles de trahison telles que rapportées par Huybrecht et consorts. La réponse était simple : NON ! et il ajouta, « il n’y a pas un mot de vrai dans tout ce récit ». Nous sommes en face d’un mensonge à l’échelle nationale.

7° : Mais aujourd’hui vous avez décidé de rompre le silence ?

DdF : En effet ! Le temps est venu, parce qu’il est propice et que nous estimons que les passions révolutionnaires sont calmées et que, dans un des pays des plus modernes, nous croyons qu’il y a une place pour la vérité. Depuis plusieurs années j’étais écoeuré de lire l’increvable ritournelle de la trahison de l’armée belge à chaque jubilaire. Un jour je lus un texte dans lequel l’auteur déplorait l’absence d’une biographie complète sur le général de Failly. Je fus également interrogé par un oncle, ancien gouverneur de Fl. Occidentale, qui rédigeait ses mémoires et voulait en savoir plus sur les événements de la révolution et du rôle d’Amédée de Failly. Cela m’a donné l’idée de « faire quelque chose » mais quoi ? et comment ? Je me mis à la recherche de livres anciens relatant les événements. C’est ainsi que j’ai découvert les auteurs procureurs dont Huybrecht, Hymans, Eenens, Niellon, Belliard et une foule d’autres à leur suite. Lors du 25ème anniversaire de la Belgique Hymans écrit ceci : « Après 25 annnées de règne, L.1er rentre dans la capitale par la même route, acclamé par les mêmes voix, et retrouve à la même place le président du Congrès national qui lui dit : Sire, montez au trône et l’homme d’Etat, qui lui donna lecture de la charte du royaume, marche à ses côtés, revêtu des insignes du pouvoir. Tous les membres du gouvernement provisoire, sauf un seul, sont encore vivants ; la plupart assistent à ce second baptême de notre indépendance et, dans les rangs les plus rapprochés d’un public d’élite, le Roi retrouve encore, hormis un seul, tous les membres de son premier ministère….etc (p.69). A remarquer qu’il ne prononce pas le nom de l’absent tout en insistant lourdement sur cette absence alors qu’il aurait pu lui rendre hommage. Mais non ! Plus loin dans le même ouvrage parlant de l’état de l’armée : « Des généraux improvisés, des soldats sans expérience, un matériel défectueux, des chevaux mal dressés, une notable infériorité numérique, une administration sans vigueur, dirigée par un ministre de la Guerre inhabile, pour ne pas nous servir d’un terme plus sévère…..etc ». Tout ceci écrit par un homme responsable, Hymans, ancien professeur d’Histoire et membre de la Chambre des représentants. Outre le style pompier, il raconte des inepties dans les phrases relevées. Je ne vais pas rentrer ici dans les détails, ceux-ci se trouvent abondamment commentés dans mon ouvrage. Mais je relèverai un seul fait qui touche l’organisation même de notre armée et je pose les questions suivantes et tout le monde qui a un peu de bon sens comprendra et se rendra compte de l’ineptie des propos de cet historien: Combien de temps prend la formation d’un soldat ? Combien de temps faut-il pour dresser chevaux et hommes au combat en 1831 ? Aujourd’hui, 2005, combien de temps nous a-t-il fallu pour organiser notre nouvelle police fédérale de 35.000 hommes ? Combien de temps nous a-t-il fallu pour habiller ces mêmes policiers ? Tout cela ne se fait pas en deux mois. Le professeur Guy De Poerck qui m’a fort aidé dans ce travail en me léguant les résultats de ses recherches affirme que « contrairement aux assertions, le ministère du général de Failly fut celui qui se préoccupa le plus d’améliorer l’état de l’armée » et il le prouve.. Il y a non seulement une demande d’augmentation du budget militaire qui ne fut pas accordée, mais aussi la diffusion d’un grand nombre d’arrêtés en vue d’organiser cette armée. Venir dire le contraire relève du mensonge. Devant tant de bêtises qui s’auto-alimentent il devenait indispensable de réduire au silence ces auteurs. Dans la famille, nous avons un avantage que nos détracteurs ne possèdent pas qui est le temps. Celui-ci joue en notre faveur. Nous avons donc attendu patiemment que les détracteurs aient épuisé leurs munitions. Ensuite un coup suffit ! Mais le but de cet ouvrage est surtout de rendre hommage au général de Failly, de lui rendre toute sa place dans notre Histoire nationale.

8° : Vous citez souvent Monsieur De Poerck, quelle est son intervention ?

DdF : J’effectuais des recherches aux archives du Musée de l’Armée. Dans de pareils cas, il devient normal que deux chercheurs qui se penchent sur le même problème se rencontrent. Le prof. Guy De P. avait le projet d’écrire deux volumes, le premier sur la biographie du général, le second sur les mouvements de l’armée de la Meuse lors de la Campagne des 10 jours. Il avait découvert l’un des « mémoires » de mon aïeul et voulait en savoir plus. Après lecture il s’est rendu compte que ces ouvrages (je lui ai passé d’autres publications) étaient mal « composés ». Pour lui, il ne faisait aucun doute que les mémoires publiés avaient été trafiqués. Il a été frappé par l’incohérence en ce qui concerne le bon ordre de l’exposé. Il en conclut que les originaux furent intentionnellement manipulés. Il a ré-écrit tout les textes, les classant soigneusement dans un ordre chronologique et obtint un texte clair sur les événements. Nous avons entretenu une relation épistolaire fort intéressante et j’encourageais toutes les initiatives et les recherches pour découvrir la vérité. Mais l’âge venant il eut de plus en plus de peine et se déclara inapte à continuer. Peu avant son décès il m’invita chez lui pour me remettre tous ses documents et le résultat de ses recherches. Un demi m3 de papiers. Il m’a fallu encore bien des années pour m’y retrouver. Ce professeur a fait un travail de recherche unique que personne à ce jour n’a entrepris : reprendre toutes les enquêtes de l’époque, confronter les témoignages, étudier les ordres transmis, les horaires, les lieux etc. etc. Grâce à cela nous disposons dans la famille de documents intéressants à propos du rôle du général de Failly et une abondante bibliographie sur notre révolution.

9° : Et le professeur Luc De Vos ?

DdF : Depuis le début de mes recherches je voulais avoir l’aval d’une éminente personnalité du monde militaire. Je dispose d’amis, connaissances et compagnons d’armes dont plusieurs sont devenus des officiers supérieurs et même des généraux. J’aurais pu leur demander un soutien moral que certainement ils m’auraient accordé. Mais c’était pour moi trop simple et insuffisant, j’estimais qu’il fallait passer par un passage plus « étroit », celui de l’Histoire. Je m’adressai au Prof. Luc De Vos, prof d’Histoire Militaire à l’Ecole Royale Mil.. Celui-ci m’accorda un entretien lorsque je lui remis le manuscrit dans sa première version. D’emblée il m’a accordé sa confiance d’autant plus qu’il connaissait le sujet. Lorsque j’eus terminé une ré-écriture du manuscrit et envoyé une copie il eut alors l’amabilité de préfacer cet ouvrage. Ce qui pour moi représente une consécration et un label de qualité. J’ai aussi bénéficié de l’assistance d’un professeur d’Histoire qui m’a soutenu dans ce projet comme « promoteur de mémoire », j’étais alors son simple étudiant. La confiance ! est le mot clé de ce travail. J’ai été très bien soutenu sans parler de la confiance de l’éditeur. Un projet ne peut se construire valablement que dans une confiance partagée. Je dois dire de ce livre que j’ai lu et relu bien souvent, est fort intéressant à plusieurs titres. Tout d’abord l’intérêt historique, mais aussi une leçon de politique et de diplomatie. Il apprend une manière d’analyser les événements politiques et d’avoir du discernement face aux faits présentés. Le démontage des faits, des comportements et des déclarations sont une autre manière de « lire » la page politique de notre Histoire qui se déroule à livre ouvert tous les jours. Comme le dit Luc De Vos : « Il est permis de se demander toutefois si la plongée dans une histoire globalisante n’a pas conduit parfois à oublier cette vérité toute simple : l’histoire, c’est l’histoire des hommes ». Et j’ajouterais « des hommes » avec leurs faiblesses, leur courage, leurs défauts et leurs qualités, leur héroïsme au quotidien. Ce livre est d’une étrange actualité.

10° : Parlons de vos citations qui se trouvent en tête de chaque chapitre ? Pourquoi ?

DdF : Les citations ont pour rôle de mettre en condition le lecteur. Je me suis beaucoup amusé avec ces citations. Celles de Schaekespaer et de Machiavel ont ma préférence, car elles touchent le monde politique et diplomatique. Elles sont aussi d’une curieuse actualité. J’ai lu plusieurs fois le Prince de Machiavel et savoure à chaque fois la pertinence de ses observations. C’est le bon sens en politique. De plus il n’est pas le « diable » qu’on veut nous présenter. Encore une fois, c’est un homme « éclairé » sur les faiblesses humaines, doublé d’une profonde connaissance du « corps social » de masse des peuples. Il sut dénoncer la perversion de certains comportements politiques à la grande fureur des hommes politiques qui s’y reconnaissent sans peine d’où sa diabolisation. Ma formation politique vient de lui. Il y a encore des citations tirées du Cid de Corneille. Je les trouve bien placées. Chaque citation donne un éclairage particulier sur le chapitre qui sera abordé. C’en est presque un résumé et le texte qui suit plonge alors le lecteur dans le tourbillon des événements qui renvoient à la citation comme un écho. C’est amusant.

Informations supplémentaires Auteur:

Collection: Histoire
Format: 155 x 230
Nombre de pages: 336
ISBN: 2-87402-076-1
Disponibilité (Electronique/papier): Livre papier
acheter